Contrairement à certains pays en Europe et dans le monde, la Confédération ne reconnaît pas encore la viabilité d’un régime végétalien complémenté en B12 à tous les stades de la vie. Les autorités suisses se basent sur une prise de position de la commission fédérale de la nutrition. Cette dernière évoque les résultats d’un rapport suisse datant de 2018. En février de cette année, notre coalition, Swissveg et la Vegane Gesellschaft Schweiz (VGS) ont décidé d’adresser conjointement un courrier à trois faîtières influentes en matière de nutrition en Suisse, afin de connaître leur position. Il s’agit de la Société suisse de nutrition (SSN), l’Association suisse des diététicien.ne.s (ASDD), et la Fédération des médecins suisses (FMH). Les résultats de la démarche sont à la fois instructifs et surprenants.
Que contenait le courrier de la COA, Swissveg et la VGS ?
Le courrier demandait en réalité aux trois faîtières de reconnaître le bienfondé de l’alimentation végétalienne / végane complémentée en vitamine B12 à tous les stades de la vie. Ce mode d’alimentation présente en effet de nombreux avantages d’un point de vue éthique, sanitaire, environnemental, social, économique et financier. Raison pour laquelle il est déjà intégré dans les recommandations alimentaires de nombreuses instances, qui s’appuient sur des rapports scientifiques. Leurs recommandations n’excluent pas les femmes enceintes, celles qui allaitent, les nourrissons, les enfants, les adolescents, les personnes âgées et les sportifs. Ces instances sont :
- L’Academy of Nutrition and Dietetics, plus grande association de diététicien-ne-s et nutritionnistes au monde (lien)
- Le Service national de la santé du Royaume-Uni (lien)
- Les Instituts américains de la santé (lien)
- Le Ministère américain de l’Agriculture (lien)
- Le Conseil national de la santé et de la recherche médicale australien (lien)
- L’Association des diététiciens d’Australie (lien)
- L’Association des diététicien-ne-s du Canada (lien)
- La Société canadienne de pédiatrie (lien)
- La Direction générale de la santé du Portugal (lien)
- Le Ministère de la santé d’Italie (lien 1 et lien 2)
Le courrier de la COA, Swissveg et la VGS demandait également de quelle manière la formation des professionnels chapeautés par les faîtières (nutritionnistes, diététiciennes et diététiciens, médecins) intégrait la nutrition végétale. Elles cherchaient à savoir quelle importance était donnée à ce régime dans les cours de formation et quels étaient les principaux messages et préceptes enseignés.
La Société suisse de nutrition (SSN) est alignée sur la Confédération
La SSN a pris la peine de répondre rapidement à la COA et à nos questions, ce pourquoi nous l’avons remerciée. En préambule, il est important de relever que, parmi les grands donateurs de la SSN, figurent les grands noms de l’agro-alimentaire suisse et de la grande distribution. La COA juge cette situation insatisfaisante. En sa basant ainsi sur les recommandations de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et le rapport de la commission fédérale de la nutrition, la SSN affirme qu’un régime végétalien complémenté en B12 est possible pour les adultes. Elle ne le recommande toutefois pas pour les groupes vulnérables de la population (par exemple les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes). Ce qui n’est pas le cas dans certains pays.
Pour les questions liées à la formation, la SSN nous recommande de contacter les établissements concernés. Elle entretient une collaboration enrichissante avec Swissveg et s’est montrée ouverte au dialogue avec la COA.
L’ASDD et la FMH ont préféré la stratégie du silence
Malgré sa promesse répétée de nous répondre, l’Association suisse des diététicien.ne.s (ASDD) n’a finalement pas donné suite à notre demande. Mais la plus grande surprise est venue de la Fédération des médecins suisses (FMH). Malgré nos relances, cette dernière a préféré gardé le silence sur la question. Une telle attitude est regrettable et suscite beaucoup d’interrogations. La COA, Swissveg et la VGS ont ensuite voulu connaître la position des associations cantonales de médecine dans toute la Suisse. Seules trois ou quatre associations cantonales ont répondu, soit en se retranchant derrière la SSN ou la Confédération, soit en préférant éviter la question.