Jeudi dernier, à une voix près, il s’en est fallu de peu pour que l’importation de foie gras issu de la pratique très cruelle du gavage soit enfin abolie en Suisse. Cette pratique indigne a largement été documentée par l’association Stop Gavage Suisse depuis plusieurs années. Elle est connue du monde politique.
Parmi les 37 membres du Conseil des Etats qui ont participé au vote sur la motion de Martin Haab, 18 l’ont acceptée, 19 l’ont refusée. C’est donc la 37ème voix de la Présidente, Madame Brigitte Häberli-Koller, du Centre, qui a fait pencher la balance en faveur du « non ». Merci madame la Présidente ! Vous et vos collègues conservateurs avez clairement fait votre choix: celui de la maltraitance. Vous n’avez pas hésité à balayer d’un revers de main le choix largement majoritaire de vos collègues du Conseil national quelques mois auparavant. Vous vous érigez ainsi en dernier bastion de la cruauté envers les animaux.
Le Centre, le PLR et l’UDC, des habitués de la maltraitance envers les animaux et des problèmes qu’elle engendre
Nous sommes une association clairement transpartisane. Pourtant, nous ne pouvons pas ignorer ce flagrant constat : les 19 élu·e·s du Conseil des Etats qui ont voté contre les animaux sont toutes et tous issu·e·s du Centre, du PLR et de l’UDC, trois partis traditionnellement de droite, ou de centre-droite. Il ne s’agit pas là d’une surprise, mais d’une tendance qui règne depuis plusieurs décennies. Certes, il existe dans ces partis des exceptions. La motion Haab a d’ailleurs été déposée par un membre de l’UDC, qui souhaitait avant tout protéger le marché suisse – mais ces exceptions ne doivent pas nous faire oublier la tendance et la dénoncer.
Ces partis relèguent souvent les questions éthiques et de responsabilité sociale au second plan face à des intérêts commerciaux ou des intérêts électoraux à court terme. Cela a été observable lors de la votation sur l’élevage intensif où leur position était en directe contradiction avec des recommandations officielles et cela est à nouveau observable dans ce contexte. La maltraitance animale est pour eux secondaire et les animaux de simples outils et marchandises. La liberté des animaux ne rentre pas en ligne de compte face à la sacrosainte liberté individuelle et aux prétendues traditions, toutes deux à géométrie variable dans leur discours par ailleurs. Ainsi, ils ont une grande responsabilité dans le développement et le maintien de la maltraitance envers les animaux dans notre pays et les dysfonctionnements qu’elle engendre, ici et partout dans le monde : pollution et destruction de l’environnement et des espèces, dérèglement climatique ou encore émergence et propagation des épizooties et des zoonoses.
Ils sont bien sûr trop fiers pour reconnaitre publiquement les conséquences de leurs agissements. Les jeunes doivent en être conscients.
Alain Berset et le Conseil fédéral ont également une grande part de responsabilité
Se faisant le porte-parole du Conseil fédéral sur le plateau de l’émission Forum de la RTS, le 16 décembre dernier, Alain Berset n’a pas manqué de montrer qu’il était totalement aligné avec la majorité du Conseil fédéral qui fait la part belle aux lobbies tirant profit du foie gras, et donc de la maltraitance animale. Il n’avait alors pas hésité à assumer de faire la promotion de ce produit aux heures de grande écoute, alors que des alternatives végétales fleurissent ci et là, et qu’elles sont toujours plus délicieuses. Aucune excuse donc de ce point de vue-là. Et quand bien même, leur absence n’aurait bien sûr nullement justifié la poursuite d’une pratique alimentaire cruelle qui fera honte aux générations futures.
Suite à ses déclarations, notre coalition, en collaboration avec d’autres associations de défense des animaux, lui avait adressé une Lettre ouverte largement diffusée aux médias, qui ont préféré garder le silence.
La déclaration obligatoire sur les produits : la stratégie du déni et de l’évitement
Les opposante·s devaient toutefois garder un semblant de face et, surtout, gagner du temps, car la mort lente du foie gras est imminente et ils le savant. C’est pourquoi ils ont misé sur la déclaration obligatoire figurant sur les produits issus du gavage. Une mesurette de forme, qui a pour conséquence que des millions de canards et d’oies continueront de vivre une vie d’enfer pour que des citoyennes et des citoyens puissent se délecter de la consommation d’un foie malade et hypertrophié pendant que d’autres en tirent un juteux profit. Une telle mesure revient à nier totalement la souffrance des animaux, ou clairement à la faire passer au second plan.
Merci aux élue·s qui ont dit OUI
La COA tient finalement à remercier tous les élus et toutes les élues qui ont dit OUI et qui n’ont pas hésité à opter pour le bien-être animal et, pour certaines et certains, à voter contre la majorité de leur parti.