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OUI à l’initiative contre l’élevage intensif en Suisse

14 Sep 2022 | Communiqué web, Agriculture et industrie, Politique et droits des animaux

Le 25 septembre prochain, nous voterons sur une initiative très importante. Son objectif est de mettre fin à l’élevage intensif en Suisse. Cette forme d’élevage industriel, également appelé « élevage de masse », est pratiqué depuis des décennies dans notre pays. Ses méthodes de production ont été durant très longtemps tenues à l’écart du grand public. Or, elles bafouent au plus profond le respect de la dignité animale pourtant promue par la loi. C’est le moment où jamais d’y mettre un terme en acceptant l’initiative.

 

Des animaux assimilés à des objets à engraisser ou des machines à produire

Entassés dans des fabriques d’animaux, ou confinés dans des lieux austères et inadaptés, poules, cochons et bovins, sont réduits au rang d’objets devant être engraissés ou devant produire toujours plus et toujours plus vite. Il s’agit de grossir le plus vite possible, pondre le plus d’oeufs ou produire le plus de litres de lait en un temps record. Les besoins les plus fondamentaux des animaux sont totalement négligés, au profit des intérêts économiques et financiers : avoir suffisamment de place pour se mouvoir et se déplacer, être soignés, s’occuper et jouer, voir la lumière du jour ou avoir accès aux pâturage en sont quelques exemples. Contrairement à ce qu’affirment les opposants à l’initiative (voir plus bas), dont le Conseil fédéral, ce type d’élevage existe bel et bien. D’ailleurs, des documents même de l’Agroscope, organe rattaché à la Confédération, parle d’« engraissement intensif » de jeunes bovins comme ici !

Comment en est-on arrivé là?

Durant longtemps, les citoyennes et les citoyens suisses n’ont pas eu accès aux conditions de vies et aux modes de productions de tels élevages. Ces derniers se trouvent souvent dans des zones peu fréquentées, dans des grandes halles où les animaux, enfermés derrière des murs, sont difficiles à voir ou à observer. Ces lieux sont très bien gardés. Des images récentes tournées dans des élevages suisses en caméra cachée ont permis à une partie du grand public de mieux se rendre compte de la réalité impensable vécue par les animaux. Mais les images restent rares en Suisse, car les lanceurs d’alertes sont rapidement réprimés. Voici quelques exemples d’enquêtes tournées dans des élevages suisses en caméra cachée :

La publicité mensongère pour mieux cacher la réalité

La méconnaissance de la population a également été volontairement entretenue grâce à la publicité trompeuse et mensongère véhiculée par le filière de la viande, du lait et des oeufs. Sur les publicités qui nous inondent tous les jours, on voit toujours des animaux joyeux, en plein air et au pâturage. Or, la réalité de la grande majorité des animaux est très éloignée des images bucoliques publicitaires.

Que revendique l’initiative et pourquoi voter OUI?

Les avantages de l’initiative sont multiples et ses revendications constituent un minimum si l’on veut mettre fin à ce type d’élevage. Vous pouvez les consulter sur les pages web de l’initiative:

Qu’affirment les opposants à l’initiative et que leur répondre?

1. «L’élevage intensif n’existe pas en Suisse» – FAUX

Ne vous fiez pas à cette affirmation. L’élevage intensif existe bel et bien en Suisse, même si la situation peut être pire à l’étranger. Cela ne devrait en aucun cas nous pousser à l’inaction. La majorité des animaux de rente élevés en Suisse provient d’élevages intensifs. Savez-vous où ont grandi les quelque 70 millions de poulets de chair engraissés et abattus chaque année dans notre pays ? Notre loi autorise, dans une halle d’engraissement :

  • jusqu’à 27’000 poules
  • jsuqu’à 1’500 cochons
  • jsuqu’à 300 bœufs

L’élevage intensif empêche les comportements sociaux naturels des animaux. Cela génère des confrontations entre eux, du cannibalisme, des blessures, des maladies et des décès précoces. Le Conseil fédéral, qui défend notamment les intérêts de l’agroalimentaire, prétend que l’élevage intensif n’existe pas en Suisse. Pourtant, des documents même de l’Agroscope, organe rattaché à la Confédération, parle d’« engraissement intensif » de jeunes bovins comme ici !

2. «Les animaux sont bien traités en Suisse» – FAUX

Plus de 86 millions d’animaux ont été engraissés et abattus en Suisse en 2021. Ce chiffre est considérable et c’est même davantage qu’en 2020. Les formes de maltraitance sont nombreuses. Voici quelques exemples illustrant la réalité suisse :

  • Il est possible de faire vivre une poule sur l’équivalent d’une feuille A4
  • Il est possible de faire vivre 10 cochons sur l’équivalent d’une place de parc
  • Seuls 12% des animaux d’élevage ont accès à un pâturage
  • 43% des quelque 70 millions de poulets de chair vivent dans seulement 237 exploitations. Ils sont engraissés et tués après 30 à 35 jours.
  • Dans les élevages de poulets de chair, il est considéré normal que 4% des animaux meurent prématurément parce qu’on n’a pas le temps de les soigner
  • 97% des poules pondeuses ont les os fracturés
  • Seuls 50% des cochons en Suisse ont accès à l’extérieur, et il s’agit le plus souvent de petites courettes en béton à ciel ouvert
  • La litière pour un cochon n’est pas obligatoire
  • 1 bœuf d’engraissement sur deux a accès à l’air libre
  • 2/3 des vaches laitières vivent dans des étables à stabulation entravée (à l’attache)
  • Des milliers de vaches et autres femelles gestantes sont envoyées à l’abattoir chaque année
  • Les veaux sont le plus souvent séparés de leur mère, isolés dans des box ou des igloos. Beaucoup finissent à l’abattoir
  • En 2020, 5,9 millions de poulets ont été traités avec des antibiotiques de réserve ou de dernier recours, en raison de la résistance des bactéries aux antibiotiques

3. «L’Union Suisse des Paysans (USP) dit que la majorité des animaux vivent en plein air » – FAUX

La réponse au point 2. ci-dessus montre que ce n’est pas le cas. 12% des animaux en Suisse n’ont pas un accès au pâturage. Le peu d’animaux qui ont la chance d’avoir un accès à l’extérieur ne sont pas en permanence autorisés à sortir. Et les espaces où ils sont parfois autorisés à prendre l’air peuvent être également très restreints. Les programmes que la filière qualifie de « particulièrement respectueux des animaux » pour les stabulations (SST) ou qui promettent des « sorties régulières en plein air » (SRPA) ne sont pas aussi enchanteurs qu’ils en ont l’air, quand bien même ils ont le mérite d’exister en Suisse.

Par ailleurs, les chiffres mis en avant par la filière ne sont pas toujours les mêmes que ceux des initiants. Cette confusion vient du fait que le calcul en UGB (unité de gros bétail) est largement privilégié par l’Union Suisse des Paysans (USP). Avec ce système de calcul, une vache (1 UGB) équivaut à 250 poulets. Des millions d’animaux disparaissent ainsi dans les statistiques !

Pour les défenseurs de l’initiative, les chiffres doivent compter le nombre d’animaux en tant qu’individus.

4. «La loi suisse est la plus stricte au monde» – NE S’APPLIQUE PAS

Le fait que la loi suisse soit plus sévère que dans certains pays qui nous entourent ne garantit en rien que les animaux sont bien traités  (voir point 2 ci-dessus). En d’autres termes, ce n’est pas parce que c’est pire ailleurs que c’est bien chez nous.

Se comparer à pire n’est en effet pas la meilleure façon de régler le problème de la maltraitance animale omniprésente dans l’élevage intensif. Ce d’autant que l’initiative veut empêcher l’importation de produits étrangers issus d’élevages intensifs.

La Suisse a ainsi encore une grande marge de manœuvre pour améliorer la condition des animaux.

5. «Il s’agit d’une initiative contre les éleveurs/les paysans» – FAUX

Seulement 5% des 55’000 exploitations agricoles suisses ont concernées, selon les estimations du Conseil fédéral lui-même. Il s’agit des plus grosses exploitations.

Ces 5% produisent plus de 80% de la viande en Suisse. Parmi eux, Micarna (Migros) et Bell (Coop).

Une majorité d’éleveurs ne sont pas concernés.

L’association suisse des petits paysans soutient l’initiative.

En empêchant l’importation de produits bon marché issus de la maltraitance animale pratiquée à l’étranger, l’initiative renforce l’agriculture suisse. Les éleveurs ne sont plus en concurrence avec des produits étrangers.

Qui plus est  25 ans pour s’adapter + n’auront plus la concurrence des produits étrangers => plus de pouvoir et peuvent être soutenus par l’Etat et la société civile.

6. «Cette initiative est destructrice pour la branche, des milliers d’emploi vont disparaitre» – FAUX

La grande majorité des exploitations n’est pas concernée par cette initiative.

Par ailleurs, les exploitations concernées ont 25 ans pour se mettre aux normes. Elles ont donc largement le temps de s’organiser pour répondre aux nouvelles exigences de protection des animaux. Par ailleurs, les changements nécessaires pourront être soutenus par la société et la politique. Le rôle de l’Union Suisse des Paysans (USP) devrait justement consister à aider les éleveurs concernés.

7. «Cette initiative est dangereuse» – FAUX

Ce n’est pas l’initiative qui est dangereuse, mais l’élevage intensif lui-même. C’est un fléau pour la santé animale et humaine. Il favorise :

  • La résistance aux antibiotiques
  • Les épizooties, les zoonoses, et donc les pandémies
  • La surconsommation de viande qui génère des maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2, certains cancers et l’obésité

8. «Le prix de la viande et des produits d’origine animale va augmenter» – VRAI

La Confédération estime que les prix pourraient augmenter de 5 à 20%. C’est justement l’occasion de manger moins, mais plus intelligemment.

Actuellement, 1/3 des aliments achetés partent à la poubelle. Le gaspillage serait amené à diminuer. Par ailleurs, les aliments bon marché proviennent le plus souvent de l’étranger, d’élevages intensifs particulièrement maltraitants.

Manger trop de viande est mauvais pour la santé. Actuellement, les Suisses consomment en moyenne trop de viande, trois fois plus que ce que recommande la Confédération, et 10 fois plus que ce que recommande la communauté scientifique du Eat-Lancet.

Il est préférable d’acheter :

  • Moins de produits d’origine animale
  • Des produits locaux issus d’élevages plus respectueux des animaux

9. «Empêcher les importations qui ne respecteraient pas les normes suisses de production n’est pas possible, viole nos engagements envers l’OMC et sont contraires aux accords avec l’UE» – NON INSURMONTABLE

L’initiative prévoit une clause permettant d’interdire l’importation d’aliments d’origine animale ne respectant pas les normes promues par les initiants, soit les normes de Bio Suisse 2018. Contrairement à ce qu’affirment les opposants et une partie du monde paysan, les accords internationaux de libre-échange permettent d’interdire l’importation d’un produit dans un pays pour des buts d’intérêt public, notamment si le produit est interdit de production dans le pays en question. Par exemple, l’interdiction d’importer des produits dérivés de phoque a déjà été considérée comme légale par l’OMC.

La Suisse aurait 25 ans, donc largement le temps, pour mettre en place un tel dispositif, et l’ajuster au fil du temps afin de le rendre le plus efficient possible. Il en résulterait une bien meilleure protection et valorisation du marché interne profitable aux producteurs qui ne pratiquent pas l’élevage intensif.

Pour toutes ces raisons, la Coalition animaliste (COA) vous invite à voter OUI le 25 septembre prochain.