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S’opposer à des journées sans viande est nocif et malsain

13 Avr 2022 | Communiqué web, Politique et droits des animaux, Santé et alimentation

Le 5 avril dernier, la majorité de droite du Grand Conseil vaudois a pris une décision contre-productive pour les consommateur·trice·s et la population. Elle a accepté, au nom de la «liberté individuelle des consommateurs», un postulat déposé par le PRL Jean-Luc Bezençon et cosigné par 35 député·e·s du même parti. Ce postulat demande au Conseil d’Etat vaudois de garantir qu’il y ait systématiquement de la viande dans l’offre des restaurants publiques ou subventionnés par l’Etat. En d’autres termes, le texte vise à contrer les projets de journées sans viande dans le canton de Vaud, comme par exemple l’initiative du CHUV. La Coalition animaliste (COA) juge le postulat et le vote qui s’en est suivi déplacés et socialement contre-productifs. Quant aux arguments invoqués, ils sont indéfendables.

Le déni constant des priorités environnementales et sanitaires

Ce vote au Parlement est d’autant plus incongru qu’il intervient quelques jours seulement après la publication du sixième rapport du GIEC. Co-autrice, Julia Steinberger, professeure en sciences sociales du climat à l’Université de Lausanne, s’est exprimée la veille du vote vaudois dans un article du journal Le Temps. Elle explique que « l’alimentation suisse, comme partout au monde, doit amorcer une forte diminution de la consommation animale et laitière ». Le vote est également inconvenant d’un point de vue sanitaire. D’une part, parce que le PLR et la droite en général savent parfaitement que les Suisses consomment en moyenne trois fois plus de viande que ce qui est actuellement recommandé par la Confédération. Ils n’ignorent pas non plus que la consommation de viande augmente les risques de maladies cardiovasculaires, de certains cancers et du diabète de type 2. D’autre part, parce que la résistance aux antibiotiques, les épizooties et les zoonoses liées à l’élevage et à la surconsommation de produits d’origine animale sont de véritables bombes à retardement pour la santé publique. Il est donc évident que les priorités du PLR et de la droite majoritaire au Parlement vaudois sont en total décalage avec des besoins essentiels et vitaux de la population. Ces partis sont, de surcroît, peu soucieux de la cause animale. Ils défendent avant tout les intérêts privés de la filière viande et lait. Finalement, consommer moins de viande et de produits d’origine animale est également devenu un levier important pour renforcer la capacité d’auto-suffisance alimentaire de la Suisse.

Les journées sans viande sont très utiles

Dans ce contexte, il est plus que normal et légitime que les autorités suisses fédérales et cantonales prennent des mesures pour inciter la population à diminuer sa consommation de produits carnés, tout en lui en expliquant les raisons. Proposer, par exemple, des journées sans viande dans la restauration collective publique ou subventionnée par l’Etat relève du devoir et du bon sens de la part de nos autorités. Pour Catherine Santoru, présidente de la COA, « ces journées permettent d’aider les citoyennes et les citoyens à s’habituer progressivement à une alimentation plus saine et durable, à dépasser certains préjugés, et à prendre conscience que c’est possible, tout en conservant le plaisir de manger. Elles tiennent également compte de la demande croissante des jeunes générations pour ce type d’alimentation ».

Le «libre-choix» biaisé du consommateur

Pour la COA, les arguments invoqués par la droite sont inconsistants ou sans fondement. Qui plus est, parler de « libre-choix » lorsque l’on est tous les jours incité·e à acheter et à consommer de la viande dans la publicité et sur les rayons des supermarchés, sans être clairement informé·e des conséquences de ce choix, relève carrément de la mauvaise foi. Ce d’autant que la filière viande et lait bénéficie en Suisse d’énormes subventions publiques, y compris pour promouvoir les ventes. Cela représente des dizaines de millions de plus que pour la filière végétale. « Autrefois, les consommatrices et les consommateurs mangeaient de la viande de manière occasionnelle. Ce n’est qu’avec l’explosion de la production d’animaux, favorisée par la politique agricole suisse depuis l’après-guerre, qu’ils et elles se sont mis·e·s à en consommer des quantités toujours plus importantes, au point de mettre leur santé personnelle, la santé publique et l’environnement en danger, sans s’en rendre compte. Cela ne peut donc plus durer » relève Marc Wuarin, vice-président et porte-parole de la Coalition. La COA demande au PLR et à tous les partis de cesser de contrer les efforts des élu·e·s pour aider la population à végétaliser son alimentation, et ainsi à manger plus sainement et durablement.