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Un steak au soja n’est pas un steak de boeuf !

29 Mar 2024 | Communiqué web, Santé et alimentation

L’élu UDC du Conseil national, Thomas Settler, ne semble pas avoir uniquement la phobie de l’étranger (lien). Il semblerait que l’alimentation végétale lui fasse tout aussi peur. Il a déposé, le 14 mars dernier, une motion au parlement suisse intitulée « Un steak, ce n’est pas en soja ». Elle vise à interdire l’utilisation du terme « steak » pour désigner des aliments d’origine végétale. La Coalition animaliste (COA) estime que ce type de combat sémantique, qui sert uniquement à défendre des intérêts corporatistes, est totalement inutile, en plus d’être linguistiquement incohérent. M. Stettler et ses compagnons co-signataires auraient tout intérêt à se concentrer sur les vrais priorités alimentaires de la Suisse. 

 

Une motion incohérente

S’appuyant sur la définition actuelle du Larousse, l’élu agrarien argue que le steak est une « tranche de viande de boeuf utilisée comme grillade » et que ce terme ne peut donc s’appliquer à des aliments d’origine végétale. Or, le terme est déjà utilisé par extension pour bien d’autres types de viandes animales que le boeuf. Si l’on suivait la logique des motionnaires, il faudrait donc aussi interdire les expressions « steak de cheval », « steak de porc », « steak de veau », etc. Sans oublier le « steak tartare » qui n’est pas de la viande destinée à la grillade…

Qui plus est, dans un débat élargi, on pourrait aussi demander au Conseil fédéral de remettre en question la dénomination « tomate Coeur de Boeuf », un exemple parmi tant d’autres.

 

La langue évolue, les définitions des dictionnaires aussi

Une langue est toujours vivante. Ses mots évoluent en même temps que la culture, y compris alimentaire. Ce d’autant que l’alimentation est quelque chose de très culturel. Les dictionnaires quant à eux ne font que s’adapter à ces évolutions. Et il est fort à parier que la définition du mot steak ne sera plus la même d’ici quelques années.

M. Settler, lui-même issu de l’élevage, aura beau essayer d’imposer des interdictions sémantiques pour défendre la filière carnée, les consommatrices et les consommateurs auront toujours le libre choix de nommer spontanément un steak végétal « steak » si ce dernier a l’apparence d’un steak d’origine animale.

 

Publicité trompeuse et concurrence déloyale plutôt du côté des filières de la viande et du lait animal

Selon les motionnaires, les termes pourtant très explicites de « jambon végétal » ou de « saucisses véganes » seraient susceptibles de tromper les consommatrices et les consommateurs. Or, il est connu que les filières de la viande et du lait recourent souvent à des euphémismes, des expressions ou des images enjolivées, voire des propos mensongers pour cacher la triste réalité de l’élevage et de l’abattage. D’ailleurs, la faitière Proviande vient de se faire épingler par la Commission suisse pour la loyauté pour ses « messages promotionnels induisant les consommateurs en erreur ». Et lorsque M. Stettler ose prétendre que la production de protéines végétales est « écologiquement questionnable », il ne fait rien d’autre qu’affirmer une énorme contre-vérité.

Les motionnaires osent par ailleurs se plaindre de « concurrence déloyale ». Or, aujourd’hui, c’est bien l’économie végétale qui subit une énorme concurrence déloyale puisque la Confédération alloue des subventions faramineuses à la filière animale.

 

Une initiative pour les vrais priorités alimentaires de la Suisse

La COA invite les lectrices et les lecteurs à s’intéresser aux vrais priorités alimentaires de la Suisse qui sont exposées dans l’initiative Pour une alimentation sûre. Et à ne pas s’appuyer sur des exemples comme celui de la France pour définir ses pratiques agricoles ou alimentaires, un pays à la solde des lobbys financièrement puissants de la viande et du lait.

 

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