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Votation populaire du 13 février 2022 sur l’expérimentation animale et humaine : notre avis

15 Jan 2022 | Communiqué web, Politique et droits des animaux, Science et recherche

Le 13 février prochain, les Suisses iront aux urnes pour prendre position sur l’initiative « Oui à l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine – Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès ». La COA a décidé de donner son avis sur l’initiative, sans toutefois avoir pour objectif d’orienter le choix de vote des citoyennes et des citoyens.

 

Oui sur le but final, non sur le mode opératoire

La Coalition animaliste (COA) souhaite voir l’émergence d’un monde sans expérimentation animale dans les plus brefs délais. En ce sens, elle partage la volonté des initiantes et initiants de mettre rapidement un terme à cette pratique et de favoriser les méthodes alternatives, qui n’ont jamais été sérieusement soutenues en Suisse. Elle estime toutefois que ces objectifs sont difficilement atteignables par le biais des modifications législatives prévues par le texte de l’initiative soumise au vote populaire le 13 février prochain.

 

Former aux méthodes alternatives

L’abandon de l’expérimentation animale à court-moyen terme n’est pas utopiste, loin de là. Au-delà des questions éthiques, centrales pour la Coalition animaliste, une transition vers des méthodes de recherche alternatives permettrait d’éviter certains écueils de l’expérimentation animale en termes d’efficacité, notamment la faible reproductibilité des résultats d’expériences sur animaux qui nous mènent collectivement à poursuivre des recherches peu prometteuses et en abandonner certaines qui présenteraient un réel espoir.

Cependant, afin d’évoluer, nous appelons avant tout à travailler sur la formation des chercheuses et chercheurs actuel.le.s et futur.e.s et sur un financement des méthodes alternatives bien plus important qu’actuellement. Interdire toutefois l’expérimentation sur les animaux sans former parallèlement aux méthodes alternatives s’avérera difficile sur le long terme. Les scientifiques iront simplement réaliser leurs expériences à l’étranger, où tout autant d’animaux souffriront.

 

La politique suisse inefficace durant 30 ans

La Suisse pourrait montrer l’exemple en formant dès aujourd’hui aux méthodes de substitution et en démontrant clairement leur efficacité à grande échelle. En ce sens, nous saluons la récente décision par la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil National de donner suite à l’initiative parlementaire de la Conseillère nationale Katja Christ (PVL/BS) demandant plus de soutien pour les méthodes de substitution à l’expérimentation animale. C’est un premier pas en avant même si nous devons en faire plus. À l’heure actuelle, l’expérimentation animale bénéficie d’un soutien financier environ 35 fois plus élevé que les méthodes alternatives.

Durant presque 30 ans, le Conseil fédéral a soutenu des structures telles que la Fondation recherche 3R et le Centre de compétences 3R (remplacer, réduire, réformer) dont le fonctionnement a fortement entravé le développement de la recherche alternative. Au lieu de développer et promouvoir le « remplacement » des expériences avec animaux par ce nouveau type de recherche, la Suisse s’est concentrée jusqu’à présent quasi exclusivement sur des projets qui visent à déterminer comment « réduire » le nombre d’expériences avec animaux et à « réduire » les contraintes infligées à ces derniers.

Dans ce domaine, la COA attend notamment un changement de politique sérieux avec le programme national de recherche PNR 79, comme elle a eu l’occasion de l’exprimer en 2021 lors d’un échange avec la direction dudit programme. Un nouvel échec dans ce domaine serait inacceptable.

 

L’expérimentation humaine suffisamment régie par la loi

Actuellement, la loi suisse prévoit qu’un humain consentant et éclairé doit pouvoir participer à des expériences de recherche. Cela est à la fois bénéfique pour la science et peut également l’être pour l’individu concerné, qui a de surcroît la possibilité de révoquer son consentement en tout temps s’il le souhaite. Bien que l’initiative ne s’oppose pas complètement à l’expérimentation humaine, la COA ne juge pas nécessaire de modifier la loi actuelle dans ce domaine.

 

Un potentiel affaiblissement de la protection animale

L’initiative propose l’abrogation de l’Art. 80 al. 2 let. b) de la Constitution.  Or, cette lettre aborde également la question de la protection des atteintes à l’intégrité d’animaux vivants. Une abrogation pourrait potentiellement mener à un affaiblissement de la protection des animaux en Suisse, ce contre lequel bien sûr la COA s’oppose.

 

La COA continuera à se battre pour la mise en place des conditions cadres nécessaires afin de garantir l’abandon de l’expérimentation animale à terme. Elle regrette qu’aucun contre-projet plus efficace sur le long terme et réalisable n’ait été proposé suite à cette initiative, tout en remerciant les initiantes et les initiants d’avoir ouvert à nouveau ce débat essentiel.