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Votation populaire du 13 juin 2021 : ce qui va faire avancer ou reculer la cause animale

9 Mai 2021 | Communiqué web, Politique et droits des animaux

Le 13 juin prochain, les Suisses iront aux urnes pour prendre position sur différents objets soumis à votation. Trois d’entre eux peuvent avoir un impact important sur la cause animale. Voici la position de la Coalition animaliste (COA), qui vous invite à aller voter pour soutenir à la fois les animaux et celles et ceux qui les défendent.

 

Oui à l’initiative pour une eau potable propre

En Suisse, la production alimentaire est subventionnée par nos impôts, à hauteur de 3.5 milliards de francs. Cet argent sert notamment à financer une surproduction animale avec des élévages recourant largement aux antibiotiques et aux pesticides, et générant un excès de lisier et de fumier. Les conséquences sont non seulement nocives pour la qualité de l’eau que nous buvons, mais elles sont également désastreuses pour l’environnement et, surtout, pour les animaux eux-mêmes et la population en général.

Actuellement, nos impôts soutiennent :

  • l’élevage intensif et industriel en Suisse, alors que la Confédération elle-même affirme que les Suisses consomment trop fois trop de viande et que cela génère de graves problèmes sanitaires pour la population et pour le climat
  • l’importation inévitable de grandes quantités de fourrage de l’étranger (1,2 millions de tonnes par an) pour nourrir ces animaux d’élevage, qui sont bien trop nombreux. Nous sommes ainsi corresponsables de la destruction de forêts vierges dans ce cadre
  • la surutilisation d’antibiotiques destinés aux animaux d’élevage et causant de la résistance aux antibiotiques nocive sur le plan sanitaire
  • la destruction de la biodiversité animale et de l’habitat naturel des animaux (pollution de l’eau, de l’air et des sols) due l’excédent de lisier et à la présence nocive de pesticides de synthèse et d’antibiotiques dans notre environnement naturel

L’initiative prévoit une réorientation des subventions, et donc des paiements directs aux paysannes et aux paysans qui s’orientent vers

  • une production sans pesticides chimiques de synthèse
  • des élevages d’animaux sans utilisation préventive d’antibiotiques
  • des fermes qui ne comptent que le nombre d’animaux qu’elles peuvent nourrir avec du fourrage suisse
  • un soutien financier pour les agricultrices et les agriculteurs afin qu’ils s’adaptent au changement durant une période de 8 ans, sans perte de revenu. Il s’agit pour eux de ne pas produire moins, mais de produire différemment, avec l’aide de la Confédération qui en serait totalement capable si elle le voulait. Cette période est largement suffisante pour opérer une transition.

Le système de production alimentaire suisse n’est actuellement pas satisfaisant. Il doit évoluer de manière durable, vers moins de production animale et plus de production végétale.

Un OUI à cette initiative serait un pas en avant pour la COA. Cette dernière dénonce vivement le rejet de cette initiative par la majorité du gouvernement et du parlement, qui soutient les intérêts du lobby agro-alimentaire, au détriment du bien-être de la population, de l’environnement et des animaux.

Lien vers l’initiative : https://www.initiative-sauberes-trinkwasser.ch/fr/


Oui à l’initiative pour une Suisse libre des pesticides de synthèse

L’initiative prévoit une interdiction du recours au pesticides de synthèses, notamment dans l’agriculture suisse et l’industrie alimentaire. Cela concerne aussi les importations à usage commercial de denrées alimentaires produites avec des pesticides de synthèse.

L’utilisation de pesticides de synthèse est non seulement nocive pour la santé humaine, mais également pour la faune et la flore. Pour les êtres vivants qui sont exposés aux pesticides de synthèse, les effets sont ravageurs à court et à moyen termes. Les espèces animales les plus touchées sont les insectes (abeilles et papillons) et les espèces à sang froid (reptiles et amphibiens). On retrouve des pesticides de synthèse dans tous les organismes vivants.

La démarche présente également un autre intérêt de taille. Elle nous oblige en effet à repenser notre système de production agricole et alimentaire, totalement insatisfaisant aujourd’hui. A titre d’exemple, la Suisse n’est capable de produire que 37% de ses besoins en denrées alimentaires végétales, car plus de la moitié du plateau est utilisé pour la production du fourrage destiné aux animaux d’élevage, qui sont en surnombre (voir également nos explications ci-dessus concernant l’initiative pour l’eau potable propre). En utilisant une partie des terres destinées à l’alimentation animale, il serait facilement possible de combler les potentielles pertes de revenu pour les agricultrices et agriculteurs qui recourent actuellement aux pesticides de synthèse.

Aujourd’hui, aucun obstacle technique insurmontable, ni de rendements inacceptables, nous empêchent de nous passer des pesticides de synthèse en Suisse. D’ailleurs de nombreux agriculteurs ont déjà franchi le pas, depuis de longues années pour certains. En effet, près de la moitié des agricultrices et agriculteurs suisses n’utilisent déjà pas ou peu de pesticides de synthèse, ce qui montre que c’est possible. Ils produisent selon les normes bio ou IP suisses.

L’initiative prévoit une période de transition de dix ans. Ce délai permet à l’agriculture de faire une transition en douceur et donne à toutes les actrices et à tous les acteurs concernés suffisamment de temps pour repenser le système et prendre les mesures nécessaires afin de se passer des pesticides de synthèse, tout en soutenant les agriculteurs devant opérer un changement.

Le système agricole et alimentaire suisse doit évoluer de manière durable et devenir plus respectueux des animaux, de l’environnement et de la santé. Cela implique moins de recours aux pesticides de synthèse, davantage de production végétale et moins de production animale.

La COA vous invite à dire OUI à cette initiative. Elle dénonce vivement le rejet de cette initiative par la majorité du gouvernement et du parlement, qui soutient les intérêts du lobby agro-alimentaire, au détriment du bien-être de la population, de l’environnement et des animaux.

Lien vers l’initiative : https://lebenstattgift.ch/fr/?gclid=CjwKCAjw7diEBhB-EiwAskVi130yawgYPWWZoc4W2r0vWqoH-BX73-M9gNHB5fjv3Wujwsqk_-ZRLRoCEY4QAvD_BwE


Non aux mesures policières de lutte contre le terrorisme

Le Conseil fédéral et le parlement suisse disent vouloir mieux protéger la population suisse contre les terroristes en modifiant la loi fédérale dans ce domaine. La nouvelle loi permettra à la police de surveiller toute personne qu’elle soupçonne d’être « dangereuse »,  sans qu’elle définisse toutefois clairement de quels profils de personnes il s’agit et sans que ces personnes n’aient commis le moindre délit. Elle pourra les surveiller et restreindre leur liberté par différents moyens.

Deux comité référendaires en Suisse s’opposent à cette révision de loi. En outre, le commissaire des droits de l’homme du Conseil de l’Europe ainsi que le rapporteur spécial de l’ONU la critiquent vivement.

Pour les militantes et les militants de la protection animale notamment, cette révision de loi est préjudiciable pour diverses raisons.

La définition de ce qu’est le « terrorisme » dans la loi suisse est vague. Ainsi, des lanceurs d’alerte, des militantes ou des militants de la cause animale pratiquant la désobéissance civile pourraient être facilement soupçonnés d’être des « personnes dangereuses », et être assimilés à des « terroristes ». Elles pourraient faire l’objet d’une surveillance et d’une répression encore plus importantes qu’actuellement.

Ces dernières années, des membres des autorités suisses ont qualifiés les activistes antispécistes pratiquant des actions « coup de poing » de désobéissance civile à des « extrémistes » et fait des rapprochements douteux avec la lutte contre le « terrorisme ». Ce fut le cas lors d’opérations impliquant des caméras cachées dans les élevages ou les abattoirs, des sittings dans des multinationales, des blocages ou des sabotages d’abattoirs. L’amalgame a encore été accentué après les caillassages de boucheries en Suisse romande, dont les dégâts ont été matériels et n’ont en aucun cas mis la population en danger.

Contrairement au terrorisme religieux, les actions militantes en faveur de la cause animale ces dernières années n’ont en effet jamais eu pour objectif de blesser des individus ou de causer leur mort. En ce sens, elles ne représentent pas un danger pour la population dans notre pays.

Pourtant, la conseillère fédérale Viola Amherd a demandé en 2020 que les activistes de l’antenne suisse de l’association 269 Libération animale ou des personnes proches de cette organisation soient surveillés par le Service de renseignement de la confédération. Cette demande aurait reçu l’approbation du Conseil fédéral, comme plusieurs articles de presse en Suisse allemande l’on révélé la même année. Or, cette organisation connue pour ses actions « coup de poing » dans le but d’attirer avant tout l’attention des médias sur la condition animale n’a pratiqué à ce jour aucune action dangereuse vis-à-vis de la population. Pour quelle raison la confédération la considère-t-elle comme une « menace intérieure » ? Mettre en lumière la violence générée par l’exploitation animale, la condition déplorable des animaux dans certains élevages, dans les abattoirs ou les laboratoires, des lieux peu transparents aujourd’hui protégés par nos institutions, est certainement dérangeant pour la confédération.

Par ailleurs, les personnes militant pour les animaux en Suisse ont subi une forte répression de la part des autorités depuis 2018 : difficulté d’obtenir des autorisations de manifester, y compris pacifiquement, embarquements abusifs par la police, fouilles à nu, condamnations injustifiées, surveillance, mises sur écoute, amendes financières, casiers judiciaires et emprisonnement pour certaines et certains d’entre eux. Cette répression a notamment pour but de décourager les activistes.

La nouvelle loi permettra des interventions arbitraires et rendra encore plus difficile le travail nécessaire des lanceurs d’alerte et des activistes désirant dénoncer la maltraitance animale dans les abattoirs, les élevages ou les laboratoires, y compris moyennant l’utilisation de caméras cachées, comme le fait par exemple aujourd’hui l’association française L214. Il est très difficile de rendre visible cette maltraitance, sans prendre de risques et sans pratiquer cette forme de désobéissance civile.

Si la nouvelle loi visait vraiment à combattre le terrorisme djihadiste, elle inclurait des instruments tels que la prévention efficace de la radicalisation religieuse. Or, ce n’est pas le cas.

Pour toutes ces raisons, la COA vous invite à dire NON à cette révision de la loi sur le terrorisme. Elle dénonce vivement la politique de la majorité du gouvernement et du parlement suisse qui, en proposant à la population d’être mieux protégée contre les vraies attaques terroristes, pourra en réalité mieux contrôler la désobéissance civile et les soulèvements populaires légitimes dans le contexte actuel, notamment en ce qui concerne les droits des animaux, l’environnement, le climat, la santé et les droits des femmes.